I want to believe

Salut salut ma petite choucroute garnie!

Comment vas tu en ce 1/4 de we déjà bien avancé?

Moi ça va plutôt pas mal, je dirais même que je suis hachement contente, because, je ne sais pas ce que je t'ai dis, ni  même ce que je t'ai fais, mais hier, le nombre de visiteurs sur ma page a doublé, ce qui me fait franchement du bien à l'égo, une fois n'est pas coutume.

Je m'accorde donc le droit à trente secondes d'autosatisfaction salvatrice, allez c'est parti!

...

...

...

... 

Ah, ben ça fait du bien quand même, c'est presque aussi bon qu'une crêpe au chocolat chaud maison, boules vanille et supplément de noix de pécan. D'ailleurs, ça me fait réaliser que j'ai encore un creux, là à droite, bouge pas, je vais chercher un spéculoos pour aller avec le café.

la häagen dazs au speculoos, ou comment se faire vraiment mal

Bon, donc me voila parée, café frais et chaud à ma droite, petits marrons juste sortis du four  à ma gauche (le chien a mangé tous les speculoos madame, c'est pas moi, j'vous jure), émission sur les retraite en fond sonore, histoire de bien se rappeler à quel point on a pas finit d'en chier et hop c'est partit.

Alors hier je m'en suis venue te causer un coup de mes états d'âme un peu chahuté par mes lectures actuelles, lesquelles sont revenues à la charge à la nuit tombée, car j'en ai remis une couche avant d'aller me coucher.

Ce qui m'a encore filé des  insomnies, tout occupée que j'étais à dévider de nouveau le fil de mon argumentation précédente, mécontente d'y percevoir des failles.

En effet, les chapitres concernés portaient sur la découverte du pouvoir salvateur de la prière par la romancière et force est de constater que s'il est un point sur lequel mon argumentation a quelque peu dérapé, c'est bien celui là.

A ma décharge, je ne me suis pas attardée sur la question, car je suis une agnostique convaincue (à défaut d'être toujours convaincante face à certains forcenés de la foi, quelqu'elle soit), fille d'athées confirmés, ce qui ne me permet donc pas de me prononcer sur quelque chose dont j'ignore tout ou presque.

Je dis presque, car je ne suis pas non plus complètement opposée à la question et je m'y suis donc interessée par curiosité intellectuelle, ce qui m'a permis de comprendre les tenants et aboutissants de l'action et je peux donc concevoir que l'on puisse en tirer un certain réconfort.

Cela étant posé, je me suis en fait aperçue, toujours à la lecture de ce bouquin qui n'a vraisemblablement pas finit de me mettre la tête à l'envers,  qu'en réalité, je traverse depuis quelques temps déjà une sévère crise de foi.

Bon, je te rassure, j'ai pas vu la vierge au fond de ma cuvette de toilette et n'ai pas reçu la visite d'un quelconque archange pendant la nuit.

De toute façon, si cela avait été le cas, je lui aurais gentiment expliqué que mon gentil petit mari et moi même avions déjà depuis longtemps usé et abusé des joies du devoir conjugal et qu'à tout prendre, 2000 ans après, on ne lui en voudrait pas s'il ne choisissait pas une Marie, faut savoir changer de temps en temps et être à la mode, ça peut aider à relancer une carrière.

Non, ma crise de foi est beaucoup plus primitive, beaucoup plus vicérale et incombe en partie aux Yann Arthus-Bertrand et autres Nicolas Hulot de tout poil.

En effet, depuis que je suis au chômage, j'ai le temps de me poser et de réfléchir un peu à tous les messages dont on nous martelle le neurone à longueur de journée, d'analyser sa portée, ses fondements et j'en passe (le tout à mon petit niveau, bien sur, je ne me pose pas en chantre du décryptage universel, loin de là).

Cela m'a permis entre autre de comprendre pourquoi j'avais de plus en plus de mal à me projeter dans le futur et à voir autre chose en l'être humain qu'un tas de boues toxiques ravageant tout sur son passage.

En effet, comment voulez vous aller de l'avant, être positif et vous inscrire dans une démarche durable, tendances plus "hype" les unes que les autres, quand on vous rabat les oreilles à longueur de journée avec la déforestation, l'extinction des races, la pollution (et j'en passe), en vous montrant du doigt comme si, en fin de compte, tous les malheurs de la terre reposaient sur vos épaules.

même nos bébés s'y mettent, ça promet...

Ne vous méprenez pas, je suis moi même une apprenti écolo convaincue qui fait son potager sans engrais ni pesticide, n'utilise sa voiture que quand cela est nécessaire, fait attention à sa consommation d'eau, tri ses déchets etc...

Je dis juste que le français moyen a déjà généralement une vie que beaucoup qualifieraient de merdique, pour une raison ou une autre, et que ce n'est pas en le culpabilisant à propos de la mort silencieuse de a moufette rose de Sibérie, du haut de son hélico qui consomme autant que 4 bus bondés à l'heure de pointe, le tout pour un salaire mensuel que la plupart d'entre nous n'espère même pas toucher à l'année, que ça va beaucoup aider.

En effet, je me suis aperçue qu'à force d'entendre ou de voir jusqu'à la nausée de tels discours, la seule chose que cela a éveillé en moi, c'est un dégoût profond de l'espèce humaine et un sentiment de futilité quant à tous mes efforts.

En effet, en quoi le fait de manger bio, de boire l'eau du robinet, chargée de nitrates, d'éteindre la lumière en quittant une pièce, va aider les éthiopiens à manger à leur faim, ou encore les femmes d'Iran ou d'Afghanistan à ne plus mourir sous les coups de leur proches pour des motifs plus futiles les uns que les autres.

Oui, je sais que si moi, vilaine occidentale ayant la chance de vivre dans un pays "riche" et "civilisé" je ne fais rien aujourd'hui, la terre de demain ne sera pas belle à voir, mais de quelle droit peut on penser qu'elle l'est aujourd'hui?

A l'aune de cette société de communication intensive et de course à l'horreur, j'ai enfin compris ce qui me manque, car comme tout animal social, j'ai besoin d'interaction avec mes semblables et surtout, j'ai besoin de me rappeler que non, nous ne sommes pas tous des êtres barbares qui s'enrichissent  au détriment de populations entières.

Que oui, il existe encore dans cette société gangrénée par nos égocentrismes et notre individualisme forcenés ce petit quelque chose qui te fait penser que tout n'est pas perdu et que même si certains ne verront jamais rien d'autre en toi qu'une valeur marchande ou de la chaire à canon, des idéaux un peu pus élevés président encore quelque part.

A ce moment là, je voudrais bien reconsidérer l'idée d'accorder un peu de crédit à ce que l'on nomme un peu trop aisément l'humanité, car je trouve qu'elle n'en a jamais beaucoup fait preuve.

Et enfin, peut être me sera-t-il permis de croire à nouveau, qui sait....

NB: à tous ceux qui auront reconnu les tendances Mulderiennes du titre de ce billet, je vous sais déçus de ne pas avoir vu le moindre tentacule grisâtre pointer le bout de son nez, alors pour me faire pardonner: